« En janvier 2014, j’ai embarqué pour 18 mois de mission au sein de l’expédition Under the pole II, menée par des scientifiques sur la côte ouest du Groenland. L’expérience était incroyable : plongée tous les jours, photos des baleines, aurores boréales, des paysages changeants au fil des mois… je ne me suis pas ennuyé.
Pendant la nuit polaire, la luminosité est très faible et ne dure que quelques heures. Ça complique la prise de vue. Ce jour de novembre, nous décidons de plonger près d’un iceberg translucide. Plus nous nous approchons, plus la visibilité devient mauvaise. La glace en train de fondre relâche une poudre fine qui trouble l’eau.
Déçus, nous nous tournons vers un petit iceberg, dont la partie émergée ne fait pas plus de deux mètres. Il faut faire vite, nous ne pouvons passer que quelques dizaines de minutes dans l’eau glacée. Chance : la visibilité est parfaite. Nous découvrons avec surprise que l’iceberg immergé s’étend sur près de dix sept mètres de profondeur. Et qu’il est complètement sculpté par les courants. Alors que mes amis explorent toutes ses facettes, j’aperçois cette pince au loin, comme la mâchoire gigantesque d’un monstre de glace imprévisible, la face cachée de l’iceberg. »
Propos recueillis par Victoria Scoffier