« Les éboueurs exercent leur profession dans une indifférence effrayante. Chaque jour, ils balayent, nettoient les rues, vident les poubelles sous nos yeux sans que nous y prêtions attention. J’ai décidé de photographier de l’intérieur ceux de mon quartier, le 9e arrondissement de Paris.
Ils viennent tous d’horizons différents, ils n’ont pas la même religion, mais il règne chez eux une entente collective et une solidarité qui m’ont frappé. Il n’y a pas de hiérarchisation entre leurs différentes tâches, c’est pourquoi personne ne se permet de regarder son collègue avec mépris. Tous font le même travail et touchent approximativement le même salaire.
Cette photo est la dernière que j’ai prise d’eux. Nous sommes dans un « atelier de propreté », un lieu de sociabilité pour les éboueurs. Ils s’y retrouvent pour leurs réunions, mais aussi pour manger, se laver, ou tout simplement pour passer du temps ensemble… On entend souvent des rires avant même de passer la porte du local.
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Ce jour-là, Farid a trouvé une perche à selfie dans la rue et l’a ramenée à l’atelier. Immédiatement, d’autres ont l’ont rejoint pour se prendre en photo. Farid est franco-algérien, à gauche, on voit Ludovic, Martiniquais, à droite, Sakho, d’origine mauritanienne, et derrière c’est Harmony, d’origine germano-algérienne… Cette photo est symbolique. Elle incarne la diversité et la convivialité de ce milieu. »
Propos recueillis par Thomas Grosperrin